Georges Folgoas avait demandé au gentil Henri Labussière de venir faire un sketch. A la répétition, il nous donna le choix entre plusieurs textes et d’un commun accord nous choisîmes un monologue très drôle d’un vieil acteur en proie au trou de mémoire. Le soir de l’enregistrement, Labussière commença son numéro au milieu de l’hilarité générale. Il accumulait les « euh », les bredouillis et les silences. Très vite il me sembla qu’il y en avait beaucoup plus que la veille. Il s’arrêta au bout d’un moment, et devant les spectateurs tordus de rire, car ils pensaient qu’il s’agissait toujours du sketch, il déclara que la mémoire lui manquait. Six fois nous reprîmes. Six fois il ne put aller plus loin que la première phrase. Lorsqu’il nous quitta au bord des larmes, le public lui fit un triomphe, persuadé d’avoir assisté à un très grand numéro.
Phillipe Bouvard: Un Oursin dans le caviar, Éditions Stock (1974)
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